Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
ROSE ET NINETTE

Pour s’en assurer, la mère envoya Mademoiselle boulevard Beauséjour ; elle en revint si satisfaite que, de loin, sur le Cours-la-Reine, elle faisait des signes avec son ombrelle à ces dames, qui l’attendaient au balcon du family.

« Mme  Hulin m’a reçue elle-même, » dit-elle en triomphant.

Et la mère :

« Je savais bien que ce n’était pas fini. »

La jeune fille, touchée au cœur, répondit d’un ton d’indifférence :

« Puisqu’il a cette dame pour le soigner, il n’a pas besoin de nous.

— D’autant qu’il va beaucoup mieux, » ajouta Mademoiselle.

Inquiète, Ninette demanda à sa sœur :

« Nous n’irons donc pas le voir ?

— Toi, si tu veux… moi, non.

— Tu as tort… » fit la petite qui pensait à une foule d’intérêts dont la sœur aînée n’avait pas le moindre souci ; mais elle ne parvint pas à changer sa résolution.

Des jours s’écoulèrent. Régis ne se levait pas encore ; pourtant sa convalescence s’aidait de la douceur du printemps, de la force des premières sèves. Il commençait à recevoir quelques visites, assis sur son lit ; mais, le docteur lui défendant de parler, il passait de longues journées en parties de dominos avec Maurice, ou bien à écouter de belles lectures que lui