Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
ROSE ET NINETTE

par d’autres que par elles que ses filles sont à Paris, il y aurait de quoi le tuer. Vous pouvez le dire à ces demoiselles. »

La gouvernante toisa Pauline Hulin, qui lui répondit d’un clair regard, et, faisant demi-tour sur ses souliers carrés, elle se retira sans un mot, sans un salut.

.........................

Depuis trois jours, les La Posterolle étaient installés dans un family du Cours-la-Reine, en attendant le mariage de leur fille et la nomination du chef de famille au conseil d’État. La première pensée de Rose, sitôt débarquée, fut pour son père ; elle eût couru vers lui tout de suite avec Ninette, sans les objections de la mère, que cet empressement rendait jalouse. La maladie pouvait être contagieuse, surtout pour des personnes arrivées de loin, du bon air. Il faudrait voir, s’informer.

« Mais nous sommes informées, maman… Ça ne se gagne pas, une congestion pulmonaire. »

Alors Mme La Posterolle, pinçant majestueusement les lèvres, fit allusion à une certaine personne que ses filles seraient exposées à rencontrer chez M. de Fagan au mépris de toutes les convenances. Rose protesta :

« Mme Hulin ?… Oh ! c’est fini depuis longtemps… Je crois même qu’elle n’est plus à Paris. »