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ROSE ET NINETTE

parlant tout de suite d’autre chose, il voulait savoir depuis quand son retour. Une semaine, vraiment ? toute une semaine près de lui, sans qu’il l’ait reconnue, pressentie dans le délire ! Le soir de son arrivée, elle avait trouvé le pauvre Anthyme éperdu, à la recherche d’une garde ; et alors, se souvenant des heures passées par Régis auprès de son enfant, elle s’était elle-même installée sœur de charité de l’écrivain, jusqu’à ce que Mlles de Fagan, prévenues, vinssent le remplacer.

« Ah ! oui, mes filles… Où sont-elles donc, mes filles ? »

Il s’animait, les joues brûlantes. Mme Hulin essaya de le calmer… Anthyme avait envoyé une dépêche dès les premiers jours. Mais c’était loin, la Corse ; peut-être la mer trop mauvaise… personne pour les accompagner… Puis qui sait ? parmi les lettres arrivées pendant sa maladie, il se trouvait sans doute une réponse de ses filles.

Et le courrier éparpillé sur le lit, deux petits billets au timbre de Corse, signés Ninette, furent lus tout haut par Mme Hulin au père impatient et trop faible pour les déchiffrer lui-même. Navrée, cette pauvre Nina, navrée dans sa première lettre de la subite maladie de son père, aussi du départ de l’escadre, mais gardant l’espoir que son père serait vite guéri et que l’escadre ne tarderait pas à revenir. Rose était