Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
ROSE ET NINETTE

Dieu, la vie n’est-elle pas agitée de mille privations et contrariances ! Toi toujours au milieu de nous, comment ferait maman pour me voir, sans être à chaque instant exposée à te rencontrer ? et ces rencontres ne vous seraient pas plus agréables qu’elles ne seraient convenables aux yeux du monde, même des domestiques. Pareillement pour cousin, obligé de s’abstenir de toute visite, à moins de te forcer à remonter chez toi sitôt qu’il paraîtrait ; et, sans parler de mes sentiments personnels, Gaston est destiné à voir beaucoup M. La Posterolle. C’est à lui que nous devons l’avancement, le mariage ; quand il va passer conseiller d’Etat, que maman et lui habiteront Paris avec Ninette, nous serons constamment les uns chez les autres. Mon père aimé, ton rêve était un rêve, souffle dessus, n’y pense plus, et console-toi en te disant que tes filles te verront tout de même beaucoup, pas seulement de deux dimanches l’un, comme l’ordonnait la loi.

« Bien entendu, Gaston ne sait rien de ton projet ; il aurait eu trop de peine à dire non, si reconnaissant de toutes tes bontés, et m’ayant chargée de te demander un petit service en surcroît. Il s’agirait de savoir le prix des perles, pour la corbeille. Je voudrais trois rangs fermés par un rubis. Vois, cher père, cherche, informe-toi. Tu trouveras à la fin de cette lettre une liste de plusieurs autres petites com-