Page:Daudet - Révélation d'un grand romancier, paru dans L'Action française, 07-04-1926.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ainsi de dominer la matière et de surmonter son fatalisme ; mais aucun n’avait atteint la cime, rougeoyante d’une lumière surnaturelle, où vient de s’installer, avec une maîtrise qui étonne, l’auteur de Sous le Soleil de Satan. J’eusse préféré, d’ailleurs, comme titre, le Soleil de Satan. Ce « sous » me paraît inutile et amoindrissant, comme ce qui est oblique et non direct. Autre reproche, d’un autre ordre : le débat scrupuleux, presque théologique, qui se joue dans la conscience, si pure et cependant bourrelée, de l’abbé Donissan, héros du livre, est d’un tour pascalien, angoissé, presque déchirant, où l’on souhaiterait quelques perspectives sereines et reposées. Celles-ci existent même dans les pires douleurs, grâce, précisément, aux horizons illimités qu’ouvre la contemplation de la Croix. Mais M. Bernanos me répondra qu’il a été entraîné par ce lyrisme intérieur de la souffrance, auquel l’humanité doit ses plus belles pages et, au delà de toute littérature, quelques-uns de ses plus hauts exemplaires de renoncement et de sacrifice. Des années de tourments ne sont-elles pas