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pide… et in pulverem reverteris… d’où cette impression désertique que laissent leurs minarets de carton, dorés, argentés, mais friables. Le livre compact, dur, formidable — sous un certain angle — de Bernanos ne vaut pas seulement comme récit ; il vaut encore, et beaucoup, comme symptôme. Il annonce une forme nouvelle, une orientation nouvelle de la pensée française et latine, qui dépassera le roman, côtoiera l’esthétique, atteindra et traversera la critique, puis — tenez-vous bien ! — ira rejoindre la science sur des rives imprévues. Car c’est un fait que les avatars des sciences biologiques ont accompagné, chez nous, les avatars du roman. Zola se prétendait le disciple de Claude Bernard. Il imitait en cela Balzac, qui se réclamait de Cuvier, de Geoffroy Saint-Hilaire, etc…

N’allez pas croire que ce livre plein soit lourd ni pénible. Sa force d’entraînement, d’intérêt fulgurant, est telle que ses 363 pages compactes se lisent d’un trait. La richesse des remarques essentielles, des remarques d’ensemble, est fondue dans le brasier général, comme des pierres précieuses jetées à la forge. C’est vraiment beau !

Léon DAUDET.