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auprès de Mlle Clorinde des Espazettes, grande et belle jeune fille dont le charme aristocratique l’attirait.

Le bon Tartarin leur souriait de loin dans sa barbe, et d’avance prévoyait un mariage pour l’arrivée.

Du reste, depuis le commencement de la traversée, le Gouverneur se montrait à tous d’une douceur, d’une indulgence, qui contrastait avec les violences et les sombreurs du capitaine Scrapouchinat, véritable tyran à son bord, s’emportant au moindre mot, parlant tout de suite de vous « faire fusiller comme un singe vert ». Tartarin, patient et raisonnable, se soumettait aux caprices du capitaine, cherchait même à l’excuser, et, pour détourner la colère de ses miliciens, leur donnait l’exemple d’une infatigable activité.

Les heures de sa matinée étaient consacrées à l’étude du papoua, sous la direction de son chapelain, le R.P. Bataillet, qui, en sa qualité d’ancien missionnaire, connaissait cette langue et bien d’autres.

Dans la journée, Tartarin réunissait tout son monde, soit sur le pont, soit dans le salon, et faisait des conférences, débitait sa