Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du navire, mêlant l’odeur de Tarascon à l’odeur de l’Inde.

Bientôt on longea des îles émergeant de la mer en corbeilles de fleurs étranges, où voltigeaient de magnifiques oiseaux habillés de pierreries. Les nuits calmes, transparentes, illuminées de myriades d’étoiles, semblaient traversées de vagues musiques lointaines et de danses de bayadères.

Aux Maldives, à Ceylan, à Singapour, on eût fait des escales divines, mais les Tarasconnaises, Mme  Excourbaniès en tête, défendaient à leurs maris de descendre à terre.

Un féroce instinct de jalousie les mettait toutes en garde contre ce dangereux climat des Indes et ses effluves amollissantes qui flottaient jusque sur le pont du Tutu-panpan. Il n’y avait qu’à voir, le soir venu, le timide Pascalon s’appuyer au bastingage