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effigie de la Tarasque d’autrefois, vénérée maintenant comme une idole, logée aux frais de l’État et connue dans tout le pays sous le nom de « la mère-grand ! ».

Partir sans la mère-grand, ne leur semblait pas possible. Quelques jeunes gens s’élancèrent et l’amenèrent au quai rapidement.

Ce fut une explosion de larmes, de cris d’enthousiasme, comme si l’âme de la ville, la patrie elle-même respirait en ce monstre de carton d’un si difficile embarquement.

Beaucoup trop grande pour trouver place à l’intérieur du navire, on attacha la Tarasque sur le pont à l’arrière ; et là, cocasse, énorme, l’air d’un monstre de féerie, avec son ventre en toile et ses écailles peintes,