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Guère d’enthousiasme dans cette lettre, guère de détails non plus.

Le Révérend se bornait à parler du Roi Négonko, et de Likiriki, la fillette du roi, une charmante enfant à qui il avait donné une résille de perles. Il demandait ensuite qu’on envoyât quelques objets un peu plus pratiques que les dons habituels des souscripteurs. C’était tout.

Du port, de la ville, de l’installation des colons, pas un mot. Le Père Bataillet grondait, furieux :

« Je le trouve mou, votre Père Vezole… Ce que je vais vous le secouer en arrivant ! »

Cette lettre était en effet bien froide, venant d’un homme si bienveillant ; mais le mauvais effet qu’elle aurait pu produire se perdit dans le remue-ménage de l’installation à bord, dans le bruit assourdissant de ce déménagement de toute une ville.

Le gouverneur — on n’appelait plus Tartarin que de ce nom — passait ses journées sur le pont du Tutu-panpan. Les mains derrière le dos, souriant, allant de long en large, au milieu d’un encombrement de tas de choses étrangers, panetières, crédences, bassinoires, qui n’avaient pas encore trouvé