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jours pas de lettres des émigrants, rien que des dépêches communiquées de Marseille par le duc. Dépêches laconiques, expédiées à la hâte d’Aden, de Sydney, des différentes escales de la Farandole.

Après tout, on ne devait pas trop s’étonner, étant donné l’indolence de la race.

Pourquoi auraient-ils écrit ? Des télégrammes suffisaient bien ; ceux qu’on recevait, régulièrement publiés par la Gazette n’apportaient d’ailleurs que de bonnes nouvelles :

Traversée délicieuse, mer d’huile, tous bien portants.

Il n’en fallait pas plus pour entretenir l’enthousiasme.

Un jour enfin, en tête du journal, parut la dépêche suivante expédiée toujours via Marseille :

Arrivés Port-Tarascon. – Entrée triomphale – Amitié avec naturels venus au-devant sur la jetée – Pavillon tarasconnais flotte sur maison de ville – Te Deum chanté dans l’église métropolitaine – Tout est prêt, venez vite.