Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vinrent s’enfermer dans Pampérigouste avec les bons moines.

La bourgeoisie tarasconnaise, les messieurs du cercle, Tartarin en tête, pensaient bien aussi à soutenir la sainte cause. Il n’y eut pas une minute d’hésitation. Mais on ne se jette pas dans une pareille entreprise sans préparatifs d’aucune sorte. Bon pour la rafataille, d’agir ainsi étourdiment.

Avant tout, il fallait des costumes. Et ils furent commandés ; de superbes costumes renouvelés de la croisade, longues lévites noires, avec une grande croix blanche sur la poitrine, et partout, devant, derrière, des entrelacements de fémurs soutachés. La soutache surtout prit beaucoup de temps.

Quand tout fut prêt, le couvent était déjà investi. Les troupes l’entouraient d’un triple cercle, campées dans les champs et sur les pentes pierreuses de la petite colline.

Les pantalons rouges de loin semblaient dans le thym et la lavande une floraison subite de coquelicots.

On rencontrait par les chemins de continuelles patrouilles de cavaliers, la carabine le long de la cuisse, le fourreau de sabre