Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Des courses ?… je crois bien magnifiques, mon bon.

— Où donc çà ?… où se font-elles, ces courses ?

— Devant le Paradis… Il y a du large, tu penses.

Du coup le Tarasconnais se précipite dehors pour voir, et les portes du ciel se referment sur lui à tout jamais.

Si je rappelle ici cette légende aussi vieille que les bancs du tour-de-ville, c’est afin d’indiquer la passion des gens de Tarascon pour les courses de taureaux et la colère où les mit la suppression de ce genre d’exercice.

Après, vint l’ordre d’expulser les Pères-Blancs de fermer leur joli couvent de Pampérigouste, perché sur une collinette toute grise de thym et de lavande installé là depuis des siècles aux portes de la ville, d’où l’on aperçoit, entre les pins, la dentelle de ses clochetons carillonnant dans les brises claires du matin avec le chant des alouettes, au crépuscule avec le cri mélancolique des courlis.

Les Tarasconnais les aimaient beaucoup, leurs Pères-Blancs, doux, bons, inoffensifs,