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misérable duc de Mons !… Allons donc !… Est-ce que c’est possible ?…

Tout de même il ne le soutient plus, son duc, maintenant ; il le juge à sa véritable valeur, ce scélérat de Belge ! On le verra bien à sa belle défense, car Tartarin se défendra lui-même devant le tribunal. Pour moi, je bégaye trop pour parler publiquement : je serai défendu par Cicéron Branquebalme, et tout le monde sait quelle incomparable logique de raisonnement il sait mettre dans ses plaidoyers.


20 juillet, soir. — Ces heures que je passe chez le juge d’instruction sont bien douloureuses pour moi ! Le difficile n’est pas de me défendre, mais de le faire sans trop accabler mon pauvre maître. Il a été si imprudent, il a eu tant de confiance en ce duc de Mons ! Et puis, avec l’eczéma intermittent de M. Bonaric, on ne sait jamais si l’on doit craindre ou espérer ; la maladie tourne chez ce magistrat à l’idée fixe, furieux quand « ça se voit », bon enfant quand « ça ne se voit pas ».

Quelqu’un chez qui ça se voit, et ça se