Le dîner fut vraiment princier, servi dans une vaste salle à manger, toute reluisante, richement meublée en thuya et en érable, et pour cloisons, pour plancher, de ces jolies boiseries anglaises, si fines, si minutieuses, dont les minces lamelles semblent s’emboîter comme des joujoux.
Tartarin était assis à la place d’honneur, à la droite de lady William. Peu de monde invité, seulement le lieutenant Shipp et le docteur du bord, qui comprenaient le français. Un domestique en livrée nankin, raide, solennel, se tenait debout derrière chaque convive. Rien de riche comme le service des vins, la massive argenterie aux armes des Plantagenet, et au milieu de la table un magnifique surtout garni des orchidées les plus rares.
Pascalon, très intimidé au milieu de tout ce luxe, bégayait d’autant plus qu’il se trouvait toujours la bouche pleine au moment où on lui adressait la parole. Il admirait l’aisance tranquille de Tartarin en face de ce commodore aux babines de chat-tigre, aux yeux verts striés de sang sous des cils d’albinos. Mais le Tartarin, bon traqueur de fauves, se moquait un peu des chats-tigres,