Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le petit bagage que chacun tenait en main.

Quand tous les colons eurent quitté l’île, ce fut le tour de Tartarin.

Depuis le matin, Pascalon s’agitait, préparant tout, réunissant en liasses les archives de la colonie.

À la dernière heure, il lui vint une idée de génie. Il demanda à Tartarin s’il devait mettre pour se rendre à bord son manteau de première classe.

« Mets-le toujours, ça les impressionnera !… » répondit le Gouverneur.

Et lui-même passa le grand cordon de l’Ordre.

En bas on entendait sonner les crosses de fusil de l’escorte, la voix dure de l’officier appelant :

« Monsieur Tartarin ! Allons, monsieur le Gouverneur ! »

Avant de descendre, Tartarin jeta un dernier regard autour de l’île, sur cette maison où il avait aimé, où il avait souffert, subi toutes les affres du pouvoir et de la passion.

Voyant à ce moment le chef du secrétariat dissimuler un cahier sous son manteau, il s’informa, voulut voir, et Pascalon dut faire à son bon maître l’aveu du Mémorial.