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Le décret fut affiché de très bonne heure sur la porte de la grande maison, en sorte que Costecalde, sortant le matin pour aller à son bureau, en reçut l’outrage en pleine figure. C’est alors qu’on put voir combien Tartarin avait eu raison d’agir avec cette vigueur.

Dans l’affaire d’une heure ou deux surgirent et se dirigèrent vers la Résidence une vingtaine peut-être de mécontents, tous armés jusqu’aux yeux et criant :

« À bas le Gouverneur !… À mort !… Au Rhône !… Zou ! Zou !… Démission ! Démission ! »

Derrière la bande suivait maître Excourbaniès, hurlant plus fort que tous les autres :

« Démission !… Fen dé brut ! … Démission !… »

Malheureusement il pleuvait, et à verse, ce qui les obligeait de tenir leur parapluie d’une main et leur fusil de l’autre. Du reste, le gouvernement avait pris ses mesures.

Passé le Petit-Rhône, les insurgés arrivèrent devant le blockhaus, et virent ceci :

Au premier étage, Tartarin s’encadrait dans sa fenêtre large ouverte, avec son winchester à trente-deux coups, et derrière lui ses fidèles chasseurs de casquettes ou de