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zou !… » se firent entendre. Excourbaniès, pour se donner l’air plus militaire, avait repris le mot de Scrapouchinat et criait « qu’il fallait les fusiller tous comme des singes verts ! »

Tartarin se tourna vers lui, et du geste arrêtant ce furieux :

« Spiridion, dit-il, respectons les lois de la guerre. »

Ne vous extasiez pas trop ; cette belle parole masquait un acte politique.

Défenseur acharné du duc de Mons, au fond Tartarin gardait un doute. Si tout de même il avait eu affaire à un filou ! Le traité que de Mons disait avoir passé avec le roi Négonko pour l’achat de l’île serait alors faux comme le reste, le territoire ne leur appartiendrait pas. Les bons pour hectares ne seraient que des papiers sans valeur.

Aussi le Gouverneur, bien loin de songer à fusiller ses prisonniers comme des « singes verts », fit-il au roi papoua une réception solennelle.

Il savait comment s’y prendre, ayant lu tous les récits des navigateurs, connaissant par cœur Cook, Bougainville, d’Entrecasteaux.