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Enfin, malgré tout, j’ai encore de l’espoir.

29 septembre. — Hier, le Gouverneur est descendu en ville. Il m’avait promis de parler de mon affaire et de me savoir à dire quelque chose en remontant. Vous pensez si je l’attendais avec impatience ! Mais, au retour, il ne m’a ouvert la bouche de rien.

Pendant le déjeuner il était nerveux ; en causant avec son chapelain, il lui est échappé de dire « Différemment, nous manquons un peu trop de rafataille à Port-Tarascon… »

Comme Mme des Espazettes de Lambesc a toujours ce mot méprisant de rafataille aux lèvres, j’ai pensé qu’il l’avait vue et que ma demande n’était pas accueillie, mais je n’ai pu savoir la vérité, car tout de suite le Gouverneur s’est mis à parler du rapport du directeur Costecalde au sujet des cultures.

Désastreux, ce rapport. Essais infructueux : ni maïs, ni blé, ni pommes de terre, ni carottes, rien ne vient. Pas d’humus, pas de soleil, trop d’eau, un sous-sol imperméable, toutes les semences noyées. Bref, ce qu’avait annoncé Bézuquet, et plus sinistre encore !

Il faut dire que le directeur des cultures fait