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Le pharmacien pensait qu’à vivre dans les bocaux, à mariner dans les produits pharmaceutiques, menthe, arsenic, arnica, ipécacuana, sa chair à la longue avait pris un goût d’herbages qui ne leur allait sans doute pas, à moins qu’au contraire, justement à cause de son odeur de pharmacie, on ne l’eût gardé pour la bonne bouche.


Le récit terminé :

« Hé bien, maintenant, qu’est-ce que nous faisons ? interrogea le marquis des Espazettes.

— Quoi, qu’est-ce que vous faites ?… dit Scrapouchinat de son ton hargneux, vous n’allez toujours pas rester ici, je pense ? »

On s’écria de tous côtés :

« Ah ! Non… Bien sûr que non…

— …Quoique je ne sois payé que pour vous amener, continua le capitaine, je suis prêt à rapatrier ceux qui voudront. »

En ce moment tous ses défauts de caractère lui furent pardonnés. Ils oublièrent qu’ils n’étaient, pour lui, que des « singes verts » bons à fusiller. On l’entoura, on le félicita, les mains se tendaient vers lui. Au