Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et il proposa d’envoyer le Père Bataillet avec une palme qu’il agiterait de loin, afin de savoir un peu ce qui se passait du côté de l’ennemi et ce qu’étaient devenus les premiers occupants de l’île.

Le Père Bataillet se récria : « Ah ! Vaï… Une palme !… J’aimerais mieux votre winchester à trente-deux coups.

– Hé ! bien, si le révérend ne veut pas y aller, j’irai, moi, reprit le Gouverneur. Seulement, vous m’accompagnerez, monsieur le chapelain, car je ne sais pas assez le papoua…

– Moi non plus, je ne le sais pas.

– Comment diable !… Mais alors qu’est-ce que vous m’apprenez depuis trois mois ?… Toutes les leçons que j’ai prises pendant la traversée, quelle langue était-ce donc ?… »

Le Père Bataillet, en beau Tarasconnais qu’il était, se tira d’affaire en disant qu’il ne savait pas le papoua de par ici, mais le papoua de par là-bas.

Pendant la discussion, une nouvelle panique se produisit, des coups de fusil éclatèrent dans la direction des sentinelles, et de la profondeur du bois sortit une voix éperdue qui criait avec l’accent de Tarascon :