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Bravida et le lieutenant Excourbaniès rangèrent leurs hommes et se mirent en route. Les miliciens avancèrent en bon ordre ; mais le terrain montant, recouvert d’une mousse algueuse et glissante, rendait la marche difficile, et les rangs ne tardèrent pas à se diviser.

On traversa un petit ruisseau, sur le bord duquel restaient quelques vestiges d’un lavoir, un battoir oublié, tout cela verdi par cette mousse dévorante, envahissante, qu’on retrouvait à chaque pas. Un peu plus loin, les traces d’une autre construction, qui semblait avoir été un blockhaus.

Le bon ordre des milices acheva de se désorganiser par la rencontre de centaines de trous très rapprochés les uns des autres, traîtreusement masqués d’une végétation de ronces et de lianes.

Plusieurs hommes s’y effondrèrent avec un grand fracas de buffleteries et d’armes, faisant fuir sous leur chute de ces gros lézards pareils à ceux de la baraque. Ces trous n’étaient pas trop profonds, rien que de légères excavations creusées en alignement.

« On dirait un ancien cimetière, » observa