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XII

UNE VILLE D’EAUX

(Suite)


Le matin où le Journal des Baigneurs annonça que Son Excellence M. le ministre de l’Instruction publique, Bompard attaché, et leur suite, étaient descendus aux Alpes Dauphinoises, le désarroi fut grand dans les hôtels d’alentour.

Justement La Laita gardait depuis deux jours un évêque catholique de Genève pour le produire au bon moment, ainsi qu’un conseiller général de l’Isère, un lieutenant-juge à Tahiti, un architecte de Boston, une fournée enfin. La Chevrette attendait aussi un « député du Rhône et famille ». Mais le député, le lieutenant-juge, tout disparut emporté, perdu dans le sillon de flamme glorieuse qui suivait partout Numa Roumestan. On ne parlait, on ne s’occupait que de lui. Tous les prétextes servaient pour s’introduire aux Alpes Dauphinoises, passer devant le petit salon du rez-de-chaussée sur le jardin, où le ministre mangeait entre ses dames