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IX

UNE SOIRÉE AU MINISTÈRE


Le faubourg Saint-Germain avait, ce soir-là, une physionomie inaccoutumée. Des petites rues, paisibles d’ordinaire et couchées de bonne heure, s’éveillaient au roulement saccadé des omnibus déroutés de leur itinéraire ; d’autres, au contraire, faites au bruit de flot, à la rumeur ininterrompue des grandes artères parisiennes, s’ouvraient comme le lit d’un fleuve détourné, silencieuses, vides, agrandies, surveillées à leur entrée par la haute silhouette d’un garde de Paris à cheval ou l’ombre morne – en travers de l’asphalte – d’un cordon sergents de ville, le capuchon baissé, les mains en manchon dans le caban, faisant signe aux voitures : « On ne passe pas. »

— Est-ce qu’il y a le feu ? demandait une tête effarée se penchant à la portière.

— Non, monsieur, c’est la soirée de l’Instruction publique.