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NOSTALGIE DE CASERNE.

passant !… Oh ! la corvée supplémentaire, les jours de bloc, le baquet puant, l’oreiller de planche, la diane froide par les matins pluvieux, la retraite dans les brouillards à l’heure où le gaz s’allume, l’appel du soir où l’on arrive essoufflé ! »

Ran plan plan ! Ran plan plan !

« Oh ! le bois de Vincennes, les gros gants de coton blanc, les promenades sur les fortifications… Oh ! la barrière de l’École, les filles à soldats, le piston du Salon de Mars, l’absinthe dans les bouisbouis, les confidences entre deux hoquets, les briquets qu’on dégaîne, la romance sentimentale chantée une main sur le cœur !… »




Rêve, rêve, pauvre homme ! ce n’est pas moi qui t’en empêcherai… ; tape hardiment sur ta caisse, tape à tours de bras. Je n’ai pas le droit de te trouver ridicule.

Si tu as la nostalgie de ta caserne, est-ce que, moi, je n’ai pas la nostalgie de la mienne ?