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LETTRES DE MON MOULIN.

perd son mouchoir, qui devient rouge, toute rouge, encore plus rouge que lui… Ces vieux ! ça n’a qu’une goutte de sang dans les veines, et à la moindre émotion elle leur saute au visage…

— Vite, vite, une chaise… dit la vieille à sa petite.

— Ouvre les volets… crie le vieux à la sienne.

Et, me prenant chacun par une main, ils m’emmenèrent en trottinant jusqu’à la fenêtre, qu’on a ouverte toute grande pour mieux me voir. On approche les fauteuils, je m’installe entre les deux sur un pliant, les petites bleues derrière nous, et l’interrogatoire commence :

— Comment va-t-il ? Qu’est-ce qu’il fait ? Pourquoi ne vient-il pas ? Est-ce qu’il est content ?…

Et patati ! et patata ! Comme cela pendant des heures.

Moi, je répondais de mon mieux à toutes leurs questions, donnant sur mon ami les détails que je savais, inventant effronté-