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LETTRES DE MON MOULIN.

lui, son Cucugnan aurait été le paradis sur terre, si les Cucugnanais lui avaient donné un peu plus de satisfaction. Mais, hélas ! les araignées filaient dans son confessionnal, et, le beau jour de Pâques, les hosties restaient au fond de son saint-ciboire. Le bon prêtre en avait le cœur meurtri, et toujours il demandait à Dieu la grâce de ne pas mourir avant d’avoir ramené au bercail son troupeau dispersé.

Or, vous allez voir que Dieu l’entendit.

Un dimanche, après l’Évangile, M. Martin monta en chaire.




— Mes frères, dit-il, vous me croirez si vous voulez : l’autre nuit, je me suis trouvé, moi misérable pécheur, à la porte du paradis.

« Je frappai : saint Pierre m’ouvrit !

« — Tiens ! c’est vous, mon brave monsieur Martin, me fit-il ; quel bon vent…? et qu’y a-t-il pour votre service ?

« — Beau saint Pierre, vous qui tenez le