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bien chaude… Cependant on entrevoit dans l’ombre de grands oiseaux de nuit qui traversent la scène d’un vol silencieux. L’éclair brille ! Des bètes méchantes, embusquées sous des pierres, ricanent en se montrant le Papillon : « Nous le tenons ! » disent-elles ; et tandis que l’infortuné va de droite et de gauche, plein d’efTroi, un Chardon au passage le larde d’un grand coup d’épée, un Scorpion l’éventre avec ses pinces, une grosse Araignée velue lui arrache un pan de son manteau de satin bleu, et, pour finir, une Chauve-Souris lui casse les reins d’un coup d’aile. Le Papillon tombe blessé à mort… Tandis qu’il râle sur l’herbe, les Orties se réjouissent et les Crapauds disent : « C’est bien fait ! »

À l’aube, les Fourmis, qui vont au travail avec leurs saquettes et leurs gourdes, trouvent le cadavre au bord du chemin. Elles le regardent à peine et s’éloignent sans vouloir l’enterrer. Les Fourmis ne travaillent pas pour