Page:Daudet - Les Amoureuses, Charpentier, 1908.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Soudain André lève la tête,
Prend son élan, se jette au cou
De sa maîtresse, comme un fou,
Et lui dit d’une voix émue
Qui la charme et qui la remue :
« Oh ! puisque l’amour est si grand,
« Mignonne, qu’au fond de nos âmes
« 11 fait table rase en entrant,
« Et qu’il y trône en conquérant
« Sur des débris et sur des flammes ;
« Puisque nous voyons aujourd’hui
« Que ni croyances ni systèmes
« Rien ne peut tenir contre lui,
« Puisque je t’aime et que tu m’aimes,
« Adonc pourquoi nous obstiner ?
« Laissons faire l’amour, mignonne,
« Et suivons l’élan qu’il nous donne.
« C’est à Dieu de nous pardonner,
« Si besoin est qu’on nous pardonne ;
« Donc, maîtresse, si tu m’en crois,
« Nous allons courir par les bois ;