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M. Vettard, qui a connu intimement Soury et lui garde une vive tendresse intellectuelle, cite ces noirs propos de ses « méditations » :

Il ne reste donc qu’un refuge à la raison de l’homme ainsi frappé de stupeur devant l’inconnaissable et convaincu que là est la limite de toute pensée, c’est-à-dire de toute représentation mentale : le renoncement et la résignation sans espoir. Ce désespoir beaucoup l’ont connu, quelques-uns l’ont violemment senti. Je parle du petit nombre de ceux qui ont su se passer d’espérances, qui ont doucement écarté les livres saints des religions, non sans s’incliner avec tendresse devant les symboles divins qui, du fond des sanctuaires, éclairent vaquement, rassurent et consolent le troupeau effaré des âmes tristes et dolentes que la mort pousse dans l’abîme.