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les rossignols.

Allons, amis, faisons taire ces gros oisons qui viennent se pavaner en belle veste au cimetière, comme au Pré-Catelan ou aux Prés-Saint-Gervais. (Ils chantent.)

Sous l’herbe grasse et la terre mouillée,
Les pauvres morts dorment ensevelis ;
C’est les oiseaux qui leur font la veillée,
Sans goupillon, sans cierge et sans surplis.

la bourgeoise.

Eh bien ! viens-tu, Nastase ? Que fais-tu là, planté sur tes pieds, la bouche ouverte ? Qu’as-tu ? tu es pâle.

la bourgeoise.

Je songe aux morts, madame.

la bourgeoise.

À quoi diable vas-tu songer !

les rossignols, reprennent.

Mais quelquefois, dans le grand cimetière,
Sous les cyprès chargés d’acres parfums
Un tombeau s’ouvre, et deux ou trois défunts
S’en vont faisant la tombe buissonnière.