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bitueras ta voix à des chansons tristes, ton cœur à la tendre pitié, ton œil à la vigilance. Tu vivras de notre vie, et quand tu auras vu l’efficacité de nos services, tu entreras, si tu t’en sens le courage, dans la corporation des Rossignols du cimetière ; et maintenant, attention ! ton noviciat commence. Voici le soleil qui se lève, le vent qui tiédit ; c’est le jour. — Un lourd craquement se fait entendre sous les tombes ; ce sont les morts qui se réveillent, par habitude, au jour levant. Il faut les rendormir : chantons, mes frères, chantons. Toi, prends garde, ami, pas de trille éclatant ni de roulades, que ton gosier soit tout miel et velours.



Scène II


Il est grand jour ; le soleil dore les tombes. — Les Rossignols sont perchés sur les cyprès. — Entrent les enfants.


les enfants.

Oh ! la bonne idée ! la bonne idée ! Ce Miquelon a toujours de bonnes idées. Quel endroit charmant pour s’amuser pendant l’heure de la classe ! de l’ombre, de l’herbe, des fleurs et point de maître. Quel bonheur ! On va pouvoir s’en donner à cœur-joie et à toutes jambes. Au diable buvards et cartables ! coiffons-nous de