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le fou

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À cette heure, il n’est déjà plus des nôtres ; les médecins ont signé son laissez-passer, et M. le directeur vient de le recommander au conducteur chargé de le ramener dans sa famille. Il va rentrer dans la vie raisonnable et sérieuse. Adieu cette douce oisiveté qu’il avait au milieu de nous ! Adieu le pain frais et la couchette en fer ! Adieu ce cher cabanon aux murs blancs, où l’on rêve en liberté, le nez au ciel, les mains aux poches ! Adieu ces beaux jardins de la fantaisie, où l’on s’égare à travers les plates-bandes et les roses mousseuses ! Adieu les gambades, la vie de joyeuse paresse, les francs rires et les bonnes tristesses ! On a coupé les ailes à cet ange, et pouf ! le voilà retombé dans le monde réel des pieds-bots et des culs-de-jatte. Ladislas est mort ! Ladislas est mort ! (Chanté.) Nous n’irons plus au bois ; les lauriers sont coupés. — Adieu, pauvre Ladislas !

les fous, sanglotant.

Ladislas est mort ! Adieu, Ladislas !

(Passe Ladislas dans le fond, — confus et la tête basse. Il marche entre deux gardiens qui le reconduisent poliment jusqu’aux portes de l’hospice.)