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Marie-Jeanne, drame en cinq actes, joué par mesdames Irma Borel, Désirée Levrault, Guigne, etc.

Précédé de :

Amour et Pruneaux, vaudeville en un acte, par MM. Daniel, Antonin et mademoiselle Léontine.

— Tout va bien, se dit-il. Ils ne jouent pas dans la même pièce ; je suis sûr de mon coup.

Et il entra dans un café du Luxembourg pour attendre l’heure de l’enlèvement.

Le soir venu, il se rendit au théâtre. Le spectacle était déjà commencé. Il se promena environ une heure sous la galerie, devant la porte, avec les gardes municipaux.

De temps en temps, les applaudissements de l’intérieur venaient jusqu’à lui comme un bruit de grêle lointaine, et cela lui serrait le cœur de penser que c’était peut-être les grimaces de son enfant qu’on applaudissait ainsi… Vers neuf heures, un flot de monde se précipita bruyamment dans la rue. Le vaudeville venait de finir ; il y avait des gens qui riaient encore. On sifflait, on s’appelait : Ohé !… Pilouitt !… Lala-itou ! toutes les vociférations de la ménagerie parisienne… Dame ! ce n’était pas la sortie des Italiens !

Il attendit encore un moment, perdu dans cette cohue : puis, vers la fin de l’entracte, quand tout le monde rentrait, il se glissa dans une allée noire et gluante à côté du théâtre, — l’entrée des artistes, — et demanda à parler à madame Irma Borel.

— Impossible, lui dit-on. Elle est en scène…

C’était un sauvage pour la ruse, cette mère