crédit… Pardieu ! nous le paierons, à mesure que ton volume se vendra… Allons ! voilà qui est dit ; dès demain je vais voir mon homme.
Effectivement Jacques, le lendemain, va trouver l’imprimeur et revient enchanté : « C’est fait, me dit-il d’un air de triomphe ; on met ton livre à l’impression demain. Cela nous coûtera neuf cents francs, une bagatelle. Je ferai des billets de trois cents francs, payables de trois en trois mois. Maintenant, suis bien mon raisonnement. Nous vendons le volume trois francs, nous tirons à mille exemplaires ; c’est donc trois mille francs que ton livre doit nous rapporter… tu m’entends bien, trois mille francs. Là-dessus, nous payons l’imprimeur, plus la remise d’un franc par exemplaire aux libraires qui vendront l’ouvrage, plus l’envoi aux journalistes… Il nous restera, clair comme de l’eau de roche, un bénéfice de onze cents francs. Hein ? C’est joli pour un début… »
Si c’était joli, je crois bien !…. Plus de chasse aux étoiles invisibles, plus de stations humiliantes aux portes des librairies, et par-dessus le marché onze cents francs à mettre de côté pour la reconstruction du foyer… Aussi quelle joie, ce jour-là, dans le clocher de Saint-Germain ! Que de projets, que de rêves ! Et puis les jours suivants, que de petits bonheurs savourés goutte à goutte, aller à l’imprimerie, corriger les épreuves, discuter la couleur de la couverture, voir le papier sortir tout humide de la presse avec vos pensées imprimées dessus, courir deux fois, trois fois chez le brocheur, et revenir