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première mon cadavre, est priée de remettre ce pli entre les mains de l’abbé Germane. » Puis, toutes ses affaires terminées, il attend tranquillement la fin de l’étude.

L’étude est finie. On soupe, on fait la prière, on monte au dortoir.

Les élèves se couchent ; le petit Chose se promène de long en large, attendant qu’ils soient endormis. Voici maintenant M. Viot qui fait sa ronde ; on entend le cliquetis mystérieux de ses clefs et le bruit sourd de ses chaussons sur le parquet. — Bonsoir, monsieur Viot ! murmure le petit Chose. — Bonsoir, monsieur ! répond à voix basse le surveillant. Puis il s’éloigne, ses pas se perdent dans le corridor.

Le petit Chose est seul. Il ouvre la porte doucement et s’arrête un instant sur le palier pour voir si les élèves ne se réveillent pas ; mais tout est tranquille dans le dortoir.

Alors il descend, il se glisse à petits pas dans l’ombre des murs. La tramontane souffle tristement par-dessous les portes. Au bas de l’escalier, en passant devant le péristyle, il aperçoit la cour blanche de neige, entre ses quatre grands corps de logis tout sombres.

Là-haut, près des toits, veille une lumière : c’est l’abbé Germane qui travaille à son grand ouvrage. Du fond de son cœur le petit Chose envoie un dernier adieu, bien sincère à ce bon abbé ; puis il entre dans la salle.

Le vieux gymnase de l’école de marine est plein