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XVII
l’apparition

Si vous voulez de la passion sincère et sans détour, si vous voulez des effusions, des tendresses, du rire, de ce rire des grands bonheurs qui confine aux larmes par un tout petit mouvement de bouche, et de la belle folie de jeunesse illuminée d’yeux clairs, transparents jusqu’au fond des âmes, il y a de tout cela ce matin dimanche dans une maison que vous connaissez, une maison neuve, là-bas, tout au bout du vieux faubourg. La vitrine du rez-de-chaussée est plus brillante que d’habitude. Plus allègrement que jamais les écriteaux dansent au-dessus de la porte, et par les fenêtres ouvertes montent des cris joyeux, un envolement de bonheur.

« Reçu, il est reçu… Oh ! quelle chance… Henriette, Élise, arrivez donc… La pièce de M. Maranne est reçue. »

Depuis hier, André sait la nouvelle. Cardailhac, le directeur des Nouveautés, l’a fait venir pour lui apprendre qu’on allait monter son drame tout de suite, qu’il serait joué le mois prochain. Ils ont passé la soirée à