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Le commandant Z***. Répétition de danse avec le pauvre aveugle criant aux ataxiques : « En place pour la pastourelle ! » L’air imbécile au milieu du salon.

Le père C*** devant l’hôtel ; il ne prend plus les eaux, mais — vient là pour voir des ataxiques !

Un médecin me dit que dans le Midi catholique bien des femmes qu’il interroge sur leurs maux répondent dans leur trouble : « Oui, mon Père… »

Chevaux de course auxquels on fait une piqûre de morphine pour les empêcher d’avoir le prix.

Très saisissant aussi le récit que me faisait le baigneur, de la lutte à bras-le-corps avec le fou. Jeté sur le lit, l’interne accouru charge sa seringue et lui fait une, deux, trois piqûres à assommer un bœuf. Ça l’a un peu calmé.

Réunis, tous ces étranges et si variés malades de Lamalou se rassurent par le spectacle de leurs maux réciproques, similaires.

Puis, la saison finie, les bains fermés, tout cet agglomérat de douleur se désagrège, se disperse. Chacun de ces malades redevient un isolé perdu dans le bruit et l’agitation de la vie, un être bizarre que la cocasserie de son mal fait passer pour un hypocondriaque, qu’on plaint mais qui ennuie.