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Après avoir prévenu ses compagnons qu’une fois en bas, il les avertirait en tirant sur la corde, il la saisit et se laissa glisser. Il eut bientôt atteint à la place où Girod tout à l’heure avait reculé. En dépit de son courage, lui-même frissonna à l’aspect du précipice béant sous ses pieds. Mais bientôt, il se rassura en constatant qu’il lui restait encore une grande longueur de corde. Il continua à descendre tant qu’il lui en resta. Il aboutit à un nouveau plateau planté de fortes épines où elle pouvait être solidement attachée. Cette fois, c’était le salut. Alors, il la secoua pour avertir ses compagnons. Mais, le mouvement qu’il essayait de lui imprimer s’arrêtait en chemin et n’arrivait pas jusqu’à eux. Il se vit contraint de reprendre en sens inverse la route périlleuse qu’il venait de parcourir. Ce fut une fatigue nouvelle. Elle acheva de l’exténuer.

Revenu sur le plateau supérieur, où ses compagnons attendaient anxieux son signal, il dut se reposer un moment. Bientôt ranimé et jaloux de les encourager par son exemple, il prit les devants. Girod devait quitter la place le dernier et avant de descendre, couper à moitié la corde afin qu’une fois en bas, ils n’eussent qu’à tirer pour la détacher. Après tant de laborieux efforts, ils se trouvèrent enfin réunis tous quatre au point où Moulin, quelques minutes avant, était venu seul. Un contre-temps retarda leur marche. Ils s’aperçurent que Girod avait oublié sa chienne au pied du sapin d’en haut. La pauvre bête aboyait avec persistance. L’idée ne leur vint même pas de l’abandonner, encore qu’un nouveau retard les exposât aux plus graves dangers. Mais lequel d’entre eux irait la chercher ? Girod, d’Hauteroche, Frotté s’étant déclarés impuissants à tenter l’ascension, ce fut encore Moulin qui se dévoua. Pour la seconde fois, il grimpa au long du rocher sans autre soutien