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mort : Guezno de Penanster, Herner, Mme Le Frotter attendaient dans la maison de justice de Saint-Brieuc de monter sur l’échafaud. Une bande de cinq cents insurgés, commandés par Mercier la Vendée, Saint-Régent et Lenepveu de Carfort, entreprit de les soustraire à leur sort. Au milieu de la nuit, ils marchèrent sur la ville, s’en emparèrent, y restèrent en maîtres durant quelques heures et en sortirent au petit jour, en emmenant avec les prisonniers délivrés par eux une pièce de canon que les troupes de la garnison n’osèrent leur disputer. Par ces traits, comme par les évasions de d’Andigné, de Suzannet, de Bourmont, d’Hingant de Saint-Maur, il est aisé de mesurer l’intrépidité de ces hommes redoutables. Elle devait être cependant dépassée par celle de Michelot-Moulin, un des compagnons de Frotté, dont il nous reste à parler pour compléter ces tableaux d’un temps qui, de tous côtés, dans tous les partis, vit surgir des géants.


VIII

Humble taillandier de village, né à Saint-Jean-des-Bois, canton de Tinchebray, dans le département de l’Orne, Moulin s’était jeté à vingt ans dans la chouannerie, pour se dérober aux réquisitions et ne pas servir la République. Ayant pris part à cent combats, dans les bandes que commandait en Normandie Louis de Frotté, il était devenu chef de légion. Ses exploits l’avaient mis en lumière. Les soldats républicains le redoutaient autant que l’acclamaient et l’aimaient les combattants royalistes. Frotté avait en son courage une absolue con-