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reconnu que garder un captif comme d’Andigné était chose impossible.

Quoi qu’il en soit, son remplacement au commandement de la citadelle dégageait Bourmont et Hingant de Saint-Maur de la parole qu’ils avaient donnée. Encouragés par l’exemple de d’Andigné, ils se décidèrent à partir à leur tour. Trois jours avant l’évasion de d’Andigné, Mme  de Bourmont avait quitté la citadelle, emportant divers objets qui appartenaient à son mari. Elle allait, disait-elle, solliciter de nouveau la grâce du prisonnier. De Paris, elle devait se rendre en Bretagne. Son départ laissait à Bourmont la liberté d’accomplir sa résolution sans crainte d’abandonner un otage derrière soi. L’évasion de d’Andigné, dont les détails lui avaient été rapportés, lui traçait, ainsi qu’à Hingant de Saint-Maur, la marche à suivre. Ils usèrent des mêmes moyens.

Par une vieille armoire dont ils avaient enlevé le fond, ils sortirent de leur chambre. Là, des barreaux s’opposaient à leur passage. Ils en scièrent autant qu’il le fallut pour passer. À ceux qui restaient intacts, ils attachèrent une corde. Au point où elle finissait, un crampon solidement fixé en terre leur permit d’en attacher une autre dont l’extrémité atteignait les fossés du fort. Leurs mesures étaient si bien prises qu’ils arrivèrent sains et saufs au delà de l’enceinte. Là, chacun tira de son côté, Hingant de Saint-Maur pour se rendre en Normandie où, quelques années plus tard, on le retrouve parmi les conspirateurs royalistes, Bourmont se dirigeant sur l’Espagne et de là sur Lisbonne, où Junot reçut en 1808 sa soumission et le fit entrer dans l’armée impériale avec le grade de général.

Diverses circonstances qui précédèrent son évasion ont accrédité l’opinion qu’il l’accomplit avec le consentement de la police et que les procès-verbaux où celles