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C’est en ces circonstances que d’Andigné fut écroué dans la citadelle. L’arrivée d’un personnage de cette importance ne pouvait passer inaperçue. Il avait la réputation d’un homme impossible à garder, de telle sorte qu’au moment où Chéron se tranquillisait au sujet de Bourmont, la présence de d’Andigné lui causa de nouvelles alarmes. Il espéra d’abord obtenir de ce dernier un engagement pareil à celui qu’il avait obtenu de Bourmont. Mais d’Andigné refusa tout net de s’engager. Il affirma même, s’il faut en croire ses mémoires que nous ne connaissons que par les fragments qu’en a publiés un prêtre angevin, l’abbé Crosnier, qu’il aurait quitté la citadelle avant la fin de juillet. Le pauvre commandant se résigna à le traiter comme un prisonnier dangereux. Il le tint enfermé dans un cachot, le fit garder à vue par deux sentinelles. Mais ces précautions ne pouvaient rien contre l’audacieux chouan.

Malgré la surveillance à laquelle il était soumis, il parvint à communiquer avec Bourmont. Il lui fit part de son projet. Peut-être l’engagea-t-il à partir avec lui. Mais Bourmont, outre qu’il était lié par sa parole, espérait que les démarches multipliées de sa femme et de sa famille aboutiraient à sa mise en liberté. Il ne consentit donc pas à lier sa fortune à celle de d’Andigné. En revanche, il le seconda de tous ses efforts. Il lui fit passer un plan de la citadelle, des ressorts de montre, des cordes. Au fond de sa casemate, malgré les geôliers et les sentinelles, d’Andigné recommença seul ce qu’il avait fait au fort de Joux, avec l’aide de Suzannet.

Trois jours avant celui qu’il s’était fixé pour s’enfuir, les mesures de précautions auxquelles il était soumis redoublèrent à l’improviste. Dans un récit que, devenu vieux, il fit au comte de Pontmartin et que celui-ci a