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les tenait lui-même. Mais sa généreuse confiance fut trompée. Le 15 mars, on se saisit de lui à Grenoble. Incarcéré d’abord dans la prison de la ville, puis au fort Barraux, on le conduisit ensuite sur une charrette, enchaîné comme un brigand, dans la citadelle de Besançon, où il fut définitivement écroué. Suzannet s’était mis en sûreté et ne tarda pas à bénéficier de la clémence impériale. Il put rentrer chez lui. Il n’en sortit plus que pour prendre les armes en 1815 et s’associer aux insurrections qui éclatèrent en Vendée après le retour de l’île d’Elbe.


VII

Au moment où d’Andigné arrivait dans la forteresse de Besançon, il y avait déjà près de trois années que Bourmont et Hingant de Saint-Maur y étaient enfermés. Mais il s’en fallait que leur captivité eût été aussi rigoureuse que celle de leur ancien compagnon d’armes. Quoique soumis à la plus dure surveillance, on leur avait accordé toutes les faveurs dont ils pouvaient jouir sans que cette surveillance fût compromise. Après les avoir d’abord séparés, on leur permit de communiquer entre eux. On les logea porte à porte dans deux chambres au-dessus d’un corps de garde. Mme  de Bourmont fut autorisée à venir vivre auprès de son mari. Fouché, alors ministre de la Police, se souvenait qu’il avait été sous l’Ancien Régime l’obligé du président de Becdelièvre, grand-père de cette jeune femme. Il recommandait sans cesse au préfet du Doubs de veiller avec soin sur ses prisonniers. Mais il ne s’opposait pas à ce qu’il leur témoignât quelque bienveillance.