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espions les individus qu’elle avait commencé par traiter en bandits. Elle était impitoyable si elle les jugeait hors d’état de la servir, pleine de mansuétude quand elle espérait les utiliser. Du reste, Rochejean trompa ses espérances. Il était inapte au métier. Lui-même le reconnut. Il demanda et obtint un passeport pour la Russie. On le laissa partir sans attendre rien de lui. C’était une occasion de s’en débarrasser. On ne le revit pas. Quelques notes sans intérêt expédiées de Francfort attestent seules qu’une fois hors de France il tenta encore de s’assurer les bonnes grâces de la police. Il ne semble pas qu’il y ait réussi.

Il y eut encore d’autres espions et délateurs. Mais, pour la plupart d’entre eux, les certitudes font défaut. Ce qu’ils nous ont laissé de leur histoire ne suffit pas pour la reconstituer. Quant à ceux dont la main et l’action apparaissent clairement dans la plupart des drames sanglants qui, pendant toute la durée de l’Empire, se déroulèrent dans les dessous de l’édifice napoléonien, on ne saurait en parler qu’en racontant les tragiques événements auxquels ils furent mêlés. On trouvera ces récits dans la suite de ce livre.


VI

Pour compléter cette étude générale sur le rôle que joua la police envers les chouans durant les époques troublées que nous avons entrepris de ressusciter, il faut raconter par quels moyens quelques-uns d’entre eux bravèrent et déjouèrent ses rigueurs en s’échappant des prisons où ils étaient détenus. On a vu qu’à la fin de