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dont il portait le nom, bien qu’elle lui en contestât le droit.

Georges, qu’ils avaient en vain tenté de rejoindre dans les divers gîtes où il se tenait caché, refusa de les recevoir, et, tout en les déclarant « aussi criminels que Becdelièvre et Duchatellier », dédaigna de les punir. « Ils venaient pour m’assassiner, écrivait-il. J’en ai par devant moi les preuves irréfragables. Je ne pourrais les communiquer à personne, sans m’exposer à perdre les amis précieux de qui je les tiens. Je ne le ferai jamais… La cause avant tout. » Il leur fit remettre 600 francs avec l’ordre de quitter immédiatement la Bretagne sous peine de mort. Quant à lui, peu de jours après, il retournait en Angleterre, d’où il ne devait revenir que pour perdre la vie à Paris en 1804.

Il est impossible d’énumérer et de désigner nominativement tous les chouans, amnistiés ou non, qui, pendant la durée du Consulat et de l’Empire, s’affilièrent à la police, et, moins encore, ceux qui s’étaient offerts à la servir, et dont les offres ne lui parurent pas dignes d’être agréées. Déjà, sous le Directoire, alors que l’Ouest était en pleine insurrection, la police, à diverses reprises, avait trouvé, soit parmi les insurgés tombés au pouvoir des bleus, soit parmi les émigrés rentrés avec ou sans autorisation, des individus notoirement compromis qui, pour se créer des ressources ou pour recouvrer la liberté, consentaient à se livrer à l’espionnage, à surprendre les secrets de leurs compagnons et à en rendre compte au gouvernement.

Après la pacification de 1800, leur nombre s’accrut en des proportions considérables. À cette époque, presque tous les chefs chouans étant venus à Paris pour présenter leur soumission à Bonaparte, la police fit des recrues parmi les gens qui les accompagnaient et, dès