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mots, autant de mensonges. Un avis envoyé de Paris par Limoëlan, du fond d’un caveau de l’église Saint-Laurent où il se cachait, ne permettait pas d’en douter. Dès cet instant, la mort de ces deux malheureux fut résolue.

D’après la version généralement admise, d’Hozier ayant demandé à Georges ce qu’il devait faire des émissaires de Fouché, Georges aurait répondu : « Envoyez-les-moi par le même courrier. » C’est ainsi qu’ils auraient été mis en sa présence et que, les ayant accusés d’être venus pour l’empoisonner, il aurait, sur les protestations indignées de Becdelièvre, fait découdre le collet de son habit, trouvé le poison et ordonné la mort du traître ainsi que celle de Laisné. Très différente est la réalité. Elle ne comporte ni la mise en scène ni l’appareil à l’aide desquels on l’a dénaturée.

Becdelièvre et Laisné étaient arrivés à Rennes le 3 ou le 4 décembre. Le premier possédait une petite propriété aux environs de la ville. Ils s’y installèrent et vécurent là durant une huitaine de jours, venant fréquemment à Rennes. Ils se mirent en relation avec d’Hozier, que Becdelièvre ne savait pas au courant de ses projets. Ils partirent ensuite pour le Morbihan, où habitait au château de Kernavallo, commune de Sarzeau, dans la presqu’île de Rhuys, une sœur de Becdelièvre, Mme  de Tournemine, chez laquelle ils devaient résider pendant quelque temps.

En l’absence de tout renseignement sur leur séjour à Kernavallo, on doit supposer que Becdelièvre parcourut le pays, s’informant des faits et gestes de Georges et cherchant sans doute à se rapprocher de lui. Parvint-il à le rencontrer ? Les documents ne le disent pas. Ils ne révèlent avec quelque précision qu’un fait, c’est que Georges donna des ordres rigoureux pour que justice