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police dans la journée du 5 septembre 1797, Gabriel-Antoine fut conduit au Temple, envoyé devant une commission militaire et acquitté. Jusqu’au 3 mars 1799, on perd ses traces. Mais on doit supposer qu’il se compromit dans quelque aventure nouvelle car, à cette date, il était incarcéré pour la seconde fois et, par un arrêté du Directoire, 21 mai, même année, condamné à la déportation à la Nouvelle-Guyane. Par quels prodiges d’habileté parvint-il à éviter d’être embarqué ? Les documents sont muets sur ce point. Ils établissent seulement qu’à son arrivée à Paris en février 1800 Bourmont s’intéressa au prisonnier dont il allait, par son mariage, devenir le cousin, demanda sa mise en liberté et l’obtint le 7 germinal, 28 mars. Ces détails permettent de comprendre et de s’expliquer comment des relations purent s’établir sur un pied de confiance entre le gentilhomme royaliste et le haut personnel de la police.

La position sociale de Becdelièvre, après tant de malheurs, était précaire. Elle se compliquait de certaines difficultés d’argent, engendrées par des irrégularités de vie privée, un lien contracté en dehors du mariage avec une jeune femme dont il avait un fils. Il allait épouser la mère de son enfant quand il avait été arrêté. Devenu de nouveau libre, il se préparait à ce mariage, au risque de se brouiller avec tous ceux qui portaient le même nom que lui. De cet ensemble d’incidents résultait pour ce malheureux une détresse morale égale à sa détresse matérielle. Étant donnés sa naissance, son éducation, les sentiments qu’elles autorisent à lui supposer, on ne peut expliquer sa conduite autrement que par les suggestions de la misère.

Il est démontré par les pièces du dossier qu’il s’adonnait à des études de chimie et d’histoire naturelle. D’autre part, les historiens de la chouannerie, dans les