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rapportée à Georges transforma ses soupçons en certitude. Il écrivit de nouveau : « Si, par hasard, Duchatellier, l’aîné, le marchand de chevaux, allait chez vous, faites-le arrêter et fusiller ; c’est un espion. » Après de tels ordres donnés, l’espion ne pouvait guère échapper à leur exécution. On ne sait rien du lieu, de la date ni des circonstances de sa mort. La brusque cessation de sa correspondance avec la police fut la seule raison que, dans les derniers jours de décembre, eut celle-ci d’y croire.

Le 23 janvier 1801, le général Simon écrivait de Rennes à Fouché : « J’ai tout lieu de croire que votre agent a été victime de son zèle et peut-être de son imprudence. Le bruit s’est répandu depuis quelques jours que Georges, instruit que plusieurs personnes avaient été envoyées de Paris pour le prendre ou le tuer, a fait assassiner deux ou trois de ces personnes. » Le bruit auquel faisait allusion le général Simon était fondé. Ce n’est pas seulement sur Duchatellier que Georges venait de tirer vengeance des ténébreuses entreprises de Fouché contre sa vie. Deux autres individus avaient subi le même sort, en des circonstances non moins émouvantes que les dossiers conservés aux Archives, plus complets sur ce second épisode que sur le premier, m’ont permis de reconstituer.

Parmi les royalistes qui, par ordre du Directoire, furent arrêtés en si grand nombre, au lendemain du 18 fructidor, figurait Gabriel-Antoine de Becdelièvre, ancien officier au régiment d’Auxerrois, émigré en juin 1792 et rentré en France après la chute de Robespierre. Il était le parent de cet autre Becdelièvre – un héros, celui-là – volontaire dans l’armée du Maine, tué sur la Loire au mois de juillet 1795, et dont la sœur devait plus tard épouser Bourmont. Tombé aux mains de la