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général Simon, qui commandait à Rennes, et qu’après s’être concerté avec lui il se transporterait auprès de Georges. Quel prix reçut-il en échange de ses services ? Quelles promesses lui furent faites ? Il m’a été impossible de l’établir. On voit bien, quelques semaines plus tard, 7 janvier 1801, le ministre de la Police envoyer au préfet de Rennes, en une lettre de crédit, une somme de 24,000 francs « pour être remise immédiatement à ceux qui parviendront à se saisir de Georges, chef rebelle et assassin, et qui le représenteront mort ou vif ». Mais, à supposer qu’à cette date Duchatellier n’eût pas encore subi le châtiment de sa trahison, les termes de la lettre de Fouché autorisent à croire que la somme ne lui était pas spécialement destinée et qu’il n’y aurait eu droit que s’il avait tenu ses promesses. Quoi qu’il en soit, il se prépara à partir pour Rennes, et, en attendant son départ, renseigna journellement la police sur les allées et venues des Bretons, sans désigner cependant le lieu de leur retraite, que, sans doute, il ne connaissait pas. Sur ces entrefaites, le 5 décembre, un des officiers chouans, Saint-Régent, lui donna l’ordre de partir pour la Bretagne afin de porter à Georges des dépêches urgentes. Il lui remit sept louis pour les dépenses du voyage. Duchatellier n’eut que le temps d’avertir Desmarets de son départ et se mit en route le même jour.

En envoyant Duchatellier à Georges, Saint-Régent était-il de bonne foi ? Croyait-il confier ces dépêches à un homme sûr, ou, au contraire, soupçonnant déjà la trahison, n’avait-il recouru à cet expédient que pour rendre plus certaine et plus éclatante la punition du traître ? Les deux hypothèses sont également permises. Ce qui est vrai, c’est qu’à l’heure où Duchatellier quittait Paris Georges savait à quels moyens recourait la police pour l’atteindre. Se voyant traqué de toutes parts