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– On sacrifie 24,000 francs pour me prendre, disait-il. Je dispose d’un million pour me sauver.

Brusquement, dans le courant de juillet, la police était prévenue que quatre chouans, La Haye Saint-Hilaire, Limoelan, Saint-Régent et Joyaux, tous compromis et mêlés depuis longtemps aux pires excès de la chouannerie, venaient d’arriver à Paris, chargés de l’exécution d’ordres que Georges leur avait donnés. Elle ne mit pas en doute qu’ils étaient venus pour assassiner Bonaparte. Les révélations d’un individu qui les fréquentait transformèrent les soupçons en certitude. Bientôt, elle apprenait que quelques-uns des anciens officiers chouans résidant à Paris, ouvertement ou cachés, Bourmont, Hingant de Saint-Maur, Coster Saint-Victor, le chevalier de Bruslart, frayaient avec les nouveaux venus. En ce qui touche Bourmont, elle était avertie que, lors d’un récent voyage dans le Maine, il s’était mis en relation avec la plupart de ses anciens compagnons d’armes.

Bourmont, prévenu par Fouché des faits qu’on lui imputait, présenta des explications qui durent paraître suffisantes puisqu’il fut laissé en liberté. En revanche, son aide de camp Hingant de Saint-Maur fut arrêté comme ayant provoqué des troubles dans la Seine-Inférieure, bien que Bourmont affirmât comme lui qu’il n’avait pas quitté Paris. Un mandat d’arrestation contre le chevalier de Bruslart ne put être exécuté, soit qu’il se fût caché, soit, d’après une autre version, que Bourmont eût été autorisé à le garder chez lui, sous sa responsabilité. Quant à Coster Saint-Victor et aux autres chouans en relations avec la police, afin de démontrer qu’ils étaient étrangers aux menées des agents de Georges, ils offrirent leur concours pour aider à les découvrir. Mais ils n’usèrent du crédit que leur donnait